Après la Corse vient sur le podium, l’île d’Oléron, deuxième plus grande île française avec une superficie de 175 km². Quand on pense à l’île d’Oléron et le bassin de Marennes on tombe sous son charme naturel d’entre terre et mer, ses plages nombreuses, ses forêts, ses marais… On marche entre dunes et falaises, on déambule sous les cimes des forêts avant d’aller caresser les vignes. On se laisser guider par les clapotis des chenaux ostréicoles jusqu’aux écluses à poissons. Toutefois ce joli coin disparait petit à petit, la pointe sud de l'île d'Oléron subit les assauts répétés de la mer qui mange sans faim le littoral.
La plage où l'érosion est la plus forte en Europe.
En passant par Saint-Trojan-Les-bains, nous n’avons pas pu résister à l’envie de lézarder sur la plage. En traversant la forêt on sent les odeurs de pins maritimes mêlées aux chênes verts qui nous guident jusqu’à la dune. En arrivant au monticule dunaire, bien enterrés dans le sable fin le regard est saisi par les nombreux arbres morts. Leur bois gris qui conduit votre regard jusqu’au bleu de l’eau toujours plus proche. La mer aspire la terre et la forêt à une vitesse impressionnante. En effet, la pointe de Gatseau, subi l’érosion la plus forte en Europe.
L’érosion côtière c’est quoi ?
Il s’agit d’un processus naturel provoqué par de multiples facteurs comme le vent, les vagues, les courants ou encore le ruissellement de l'eau de pluie il dépend également des caractéristiques du lieu (sableux, rocheux…). L’érosion du littoral se traduit par le recul du trait de côte, limite entre la mer et la terre. Autrement dit il s’agit d’un déplacement vers l’intérieur des terres de la limite entre le domaine maritime et continental suite à la perte de matériaux (sables, roches, sédiments).
Quelles causes ?
L’érosion est causée par de nombreux phénomènes. Elle n’est pas seulement le résultat d’une élévation du niveau de la mer. Ainsi l’effet des vagues et des courants a des influences plus importantes que la montée des eaux.
Le principal facteur d’érosion c’est le déficit des stocks sédimentaires. Il s’explique par la multiplication des barrages le long des fleuves qui piègent les sédiments avant leur arrivée sur le littoral. Dans les décennies à venir la variabilité du trait de côte sera principalement expliquée par le bilan sédimentaire et la variabilité des épisodes de tempête. Toutefois soulignons que le changement climatique affecte ces deux phénomènes, en conduisant à la réduction du débit des cours d’eau et la modification des usages de l’eau, mais aussi par l’augmentation de l’intensité des tempêtes.
L’évolution du littoral en France.
Sur le territoire métropolitain ce sont 2 840 km du linéaire côtier sont artificialisés et impactés par des aménagements. Les enjeux humains, environnementaux, sociaux et économiques des littoraux français sont importants. En effet, il faut savoir que si les communes littorales représentent 4 % du territoire métropolitain elles accueillent toutefois 1 français sur 8 soit 7,8 millions d’habitants (en 2009). Sur le littoral la densité de population est 2,5 fois plus élevée que la moyenne hexagonale.
Ce territoire densément peuplé est très exposé aux risques puisque, plus de 8 communes littorales sur 10 sont sujettes aux risques naturels majeurs. En outre 1/4 des côtes françaises seraient en érosion d’après plusieurs études menées soit à l’échelle nationale soit à l’échelle européenne. Les travaux menés sur l’Indicateur national de l’érosion côtière par le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) sous le pilotage du ministère en charge de l’environnement ont mis en évidence que près de 20% du trait de côte est en recul, équivalent à un linéaire d’environ 920 km. Plus récemment le cerema a estimé que le recul du trait de côte pourrait toucher jusqu’à 50 000 logements en France d’ici 2100.
Et maintenant que faire face à l’érosion ?
Face au phénomène de l’érosion côtière nous n’aurons que d’autre choix de nous adapter rapidement à ce nouveau visage littoral. Pourtant, à ce jour le retrait du trait de côte ne fait pas encore l'objet d'une politique publique spécifique.
Toutefois, un rapport intitulé « Quel littoral pour demain ? Vers un aménagement des territoires côtiers adapté au changement climatique » a été remis au Premier ministre et au ministre de la transition écologique et solidaire par le député de Vendée, Stéphane BUCHOU en octobre 2019 et formule 15 recommandations.
Le rapport propose de donner une définition juridique à la dynamique littorale et l’inscrire dans le Code de l’Urbanisme, elle pourrait être la suivante : « La dynamique littorale – érosion ou accrétion - est un phénomène naturel et graduel, causé par plusieurs facteurs et révélé par le bilan sédimentaire constaté sur les rivages. Elle est amplifiée par l’élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique. Elle a pour résultat une évolution de la limite entre les domaines maritime et terrestre, et pour conséquence une mise en cause de la pérennité des espaces et des activités humaines situées à proximité du rivage ».
Par suite, le député recommande de mettre en œuvre une politique publique d’aménagement des littoraux affectés par les conséquences du changement climatique fondée sur cette définition.
Pour l’heure, une proposition de loi portant adaptation des zones menacées par l’érosion du trait de côte, a été déposé à l’Assemblée Nationale et le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets prévoit une habilitation afin d’autoriser le Gouvernement à prendre par voie d’ordonnance des mesures pour permettre aux collectivités territoriales de s’emparer du sujet de la nécessaire adaptation des territoires littoraux au recul du trait de côte.
Espérons que se concrétiseront dans un avenir proche des solutions pour les territoires littoraux et d'Outre-Mer qui font face à l'érosion côtière et au changement climatique.
👀🎥 A voir sur le sujet :
Charlotte & Jérôme